«Ne jamais leur donner un sentiment d’impunité»

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Spécialiste de l’extrême droite, vous avez identifié plusieurs « familles » radicales en son sein. A qui se rattachent les dix interpellés ?

Selon les premiers éléments d’information, on les retrouve dans deux familles, les nationalistes-radicaux et les royalistes, deux familles qui ont des tentations de radicalisation assez importantes, même si les militants peuvent aussi passer d’une catégorie à une autre. La tentation de la radicalisation d’une partie de l’extrême droite n’est cependant pas nouvelle, c’est une crainte identifiée depuis les attentats du 7 janvier 2015 contre Charlie-Hebdo.

Pour autant, cela reste une nébuleuse pour le grand public…

Il y a eu d’autres affaires mais il s’agissait souvent d’individus isolés, là il s’agit en revanche d’un groupe organisé, une cellule avec un projet déterminé. On a craint d’ailleurs, après le 7 janvier donc, une réaction plus forte de la droite radicale mais le refus de la société qui s’est dressé contre le terrorisme islamiste l’a désamorcée.

La mobilisation de l’ultra droite prend des formes diverses ?

On a déjà vu que la droite radicale pouvait se remobiliser notamment contre le Mariage pour tous, y compris avec des actions sur le terrain. On attend d’ailleurs ce qui va se passer dans les cliniques avec les mouvements antiavortements. Il faut se garder des intégrismes. A ce propos, le discours du président Macron souhaitant que les catholiques soient présents en tant que tels dans le débat politique a semé le trouble dans une France laïque. Bien sûr, les catholiques, comme les autres citoyens de religion différente, doivent évidemment participer au débat politique, mais pas en tant que tels.

Comment expliquez-vous cependant que des activistes identitaires puissent préparer des attentats ?

ll y a surtout eu des signaux qui ont pu leur assurer un sentiment d’impunité de la part des pouvoirs publics. Ainsi les militants identitaires qui sont intervenus dans les Alpes à la frontière franco-italienne pour empêcher des migrants de passer ont été interpellés puis relâchés. L’enquête préliminaire a été classée sans suite. Si la droite identitaire a un sentiment d’impunité, cela renforce ses tentations de passage à l’acte.

Cette fois, les pouvoirs publics ont vivement réagi…

Oui, avec les interpellations de cette cellule organisée, c’est un signal fort envoyé par les pouvoirs publics à l’ensemble de la mouvance de la droite radicale.

Politologue, directrice du Centre d’études et de recherches sur les radicalismes, notamment auteure de « Extrême France » (Grasset)

Fiammetta Venner

 

«Ne jamais leur donner un sentiment d’impunité»
Recueilli par D.H.
435 mots
26 juin 2018

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